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   - LAST ONE #2 "VEROINCA MARS : LE CAS LOGAN ECHOLLS"

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Bon, assez de plaisanteries. Si cet article sort si tardivement, c’est qu’il a été très dur pour moi de l’écrire. Mes arguments étaient là, mais impossible pour moi de les mettre en forme sans m’énerver ou m’exprimer comme un troll Twitter (ref : paragraphe 1). Plus je m’informais, moins les choix de Rob Thomas n’avaient de sens pour moi. Je connaissais l’issue de l’histoire (merci de l’info, Twitter) et un sentiment amer ne m’a pas quitté tout au long de mon visionnage. A un moment ou un autre, Logan allait disparaître. Je ne savais pas comment, ni quand, mais cela allait se produire. Cet événement n’était donc plus une surprise, mais a instantanément déclenché ma colère. Dans cet article, j’essayerai d’expliquer tant bien que mal les arguments avancés par Rob Thomas, puis pourquoi ces derniers n’ont pas de sens (enfin, pour une personne presque sensée).

 

- La philosophie de Rob Thomas -

     Le scénariste est roi. Il ne doit pas écrire l’histoire que veulent les fans, mais l’histoire dont ils ont besoin. Cette histoire doit s’inscrire dans un univers et se dérouler de manière logique. Veronica vit dans un monde où les détectives n’ont jamais eu de fin heureuse. Ils peuvent résoudre l’affaire, punir le coupable, mais les victimes et les blessures, physiques comme psychologiques, sont toujours là. Pourtant, malgré les épreuves, Veronica commençait à envisager le fait qu’elle puisse être heureuse, d’où son mariage quelques heures auparavant avec Logan Echolls. A cause d’une petite erreur, Veronica assiste impuissante à la mort (*stupide) de son mari. Mais que veut nous dire Rob Thomas ? Premièrement, que Logan, c’est du passé. Après un film financé par les fans, dans lequel Thomas s’était senti forcé de remettre Vero et Logan ensemble. Désormais, le scénariste ne rend plus de comptes à personne. Les séries pour ados, c’est fini. Veronica Mars sera « plus adulte ». Les histoires d’amour n’ont plus leur place dans cette fiction. Pour être une vraie détective, « Veronica ne doit pas avoir de mari qui l’attend à la maison ». Deuxièmement, cet événement montre définitivement à Veronica que «Life is a bitch, until you died» (La vie est une salope, jusqu’à ce que tu meurs). Qu’importe ce qu’elle fait, son destin lui jouera toujours de mauvais tours. Elle n’aura jamais le droit au bonheur, alors autant faire face à cette dure vérité. Keith se sacrifie pour protéger sa fille mais ne meurt pas. Logan n’aura pas cette chance : sa mort est soapesque au possible, choquante, presque inutile, et c’est ça qui fait mal.

     5 ans après le film, Rob Thomas nous propose un petit trip de 8 épisodes à Neptune, pour toquer une nouvelle fois à la porte de Mars Investigation. Cependant, comme pour toutes vacances qui se respectent, tout ne s’est pas passé comme prévu. Ça m’a fait extrêmement plaisir de revoir ces amis de longue date, les petites bouilles de Veronica, Logan, Keith et cie. Tout était là : une enquête sombre et prenante, des histoires de gangs et de cartels mexicains, le génie de Kristen Bell et de l’humour noir bien dosé. J’étais heureux dans mon transat en Espagne, jusqu’à ces 10 dernières minutes qui m’ont fait avaler mon Ice Tea de travers. SPOILER ALERT : cet article contiendra évidemment des spoilers sur le 8° et dernier épisode de la saison 4 de Veronica Mars.

- Mais alors Jamy, que se passe-t-il à la fin de la saison 4 ?

- C’est simple, Fred : Logan va garer la voiture et il explose. Fin.

- AH.

- La métaphore du scénariste, aka Pauvre Logan -

     En résumé, Rob Thomas anticipe une suite incertaine, une suite où Logan n’avait plus sa place. Pour moi, la plus grosse erreur de Thomas, est le fait qu’il ne respecte pas ces personnages. Certains fans suivent leurs aventures depuis 2004 ! Ne sachant plus quoi faire de lui, Thomas force Logan Echolls a n’être «que» le petit copain de Veronica. Le personnage n’a pas d’autre intrigue que cette demande en mariage (enfin si, ses muscles ont une intrigue à part entière également, mais passons). En l’éliminant de l’échiquier, le scénariste cède à la facilité. Il minimise son rôle dans l’histoire qu’il a lui-même écrit et ne respecte pas sa psychologie. Une étude très intéressante montre que The Good Place et le personnage de l’architecte Michael peuvent être une métaphore du travail du scénariste. (Spoiler The Good Place) Michael tente de contrôler le destin de 4 personnes, pour les amener en un point précis. Mais rien ne se passe jamais comme prévu. C’est en acceptant le fait qu’il ne contrôle rien, et en les laissant faire leurs propres choix que Michael peut espérer réussir.

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Cette image reflète le travail du scénariste. Il doit accompagner ses personnages, les guider, sans les plier à sa volonté, sans trahir leur psychologie, sans les secouer comme une canette d’Orangina pour les faire exploser (littéralement). Rob Thomas a brisé cette règle. En tuant de cette façon Logan, il prive Veronica du bonheur auquel elle prétendait, dans le simple objectif de la faire souffrir. Je comprends donc pourquoi les fans ont pu se sentir trahis par ce choix plus que douteux, effectué pour de mauvaises raisons (et leur réaction, type « Je suis pas venu pour souffrir, ok?! »)

- Anti-depressants are so not a big deal -

      Veronica, qui semblait aller mieux, replonge, tête la première, dans la dépression. Elle quitte Neptune avec sa solitude pour élucider de nouveaux crimes dans ce monde de merde. La morale de la saison est donc : Veronica a fait une bêtise : elle avait l’espoir que les choses s’arrangeraient. Pour que la suite soit intéressante, il faut que ce personnage soit brisé. Rob Thomas pense donc les gens ne sont intéressants que s’ils sont dans l’autodestruction. Petit flash info pour notre ami Rob : la dépression, c’est une maladie. C’est grave, mais ça se soigne. On n’en guérit pas forcément, mais on peut espérer apprendre à vivre avec. Tandis que d’autres séries évoquent avec brio le sujet (Crazy Ex Girlfriend), Thomas veut « faire une série pour adultes ». Sauf que des adolescents regardent la série, certains souffrant de dépression. Les adolescents de 2004 sont peut-être adultes aujourd’hui, mais certains souffrent aussi de dépression. Les fans aiment Veronica, s’identifient à elle ; je trouve que le fait de dire qu’elle ne pourra jamais être heureuse et qu’en tant que personnage, elle n’est intéressante que dans l’autodestruction, est très dangereux.

     Le fait que Rob Thomas anticipe une suite incertaine et choisisse de tuer un personnage aimé des fans de la série est acceptable. Le fait qu’il ne respecte pas ses personnages en minimisant leur rôle ou en faisant régresser leur développement l’est beaucoup moins. Rob Thomas a écrit son histoire sans prendre en considération l’impact que sa décision aura sur les fans.

Même sa collaboratrice Diane Ruggiero Wright a refusé de voir cet épisode (si ça ne lui met pas la puce à l’oreille, qu’est-ce qui le fera?). Je ne blâme pas Rob Thomas, seulement un scénariste, dépassé par sa propre histoire. Voilà, je vais m’arrêter là. J’ai encore beaucoup de choses à dire à le sujet, mais l’essentiel est là. N’hésitez pas à commenter, à partager votre ressenti. C’est un sujet complexe et d’autres visions du problème seraient intéressantes à aborder. Merci d’avoir lu jusqu’au bout (si vous êtes encore là) et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau Last One, d’une série chère à mon cœur. A vos théories !

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