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   - TELL ME A SERIES - #15 "CRASHING" ou le commencement du PWBU

     7 londoniens dans la vingtaine fauchés se font embaucher comme gardiens d’un hôpital désaffecté en échanger d’un abris. Pitch simple, mais série plus complexe qu’il n’y paraît.

     Je vous ai présenté Fleabag, série multi-récompensée cette année. Je vous ai présenté Killing Eve qui est, pour moi, la meilleure série de 2018. Ces deux séries ont un point commun : elles ont été créé par une déesse, une génie de la dramédie. Je parle bien sûr de Phoebe Waller Bridge. Aujourd’hui, il est temps de clore (en attendant son prochain chef d’oeuvre), le PWB Univers.

"CA N'A PAS DURE LONGTEMPS MAIS C'ETAIT BIEN"

     La première série de Phoebe Waller Bridge est donc Crashing. Non, pas la série bifbof d’HBO, annulée après 3 saisons, celle qui a été diffusée sur Channel 4 en 2016 et qui ne compte que 6 épisodes. Les espoirs qu’une saison 2 voit le jour est donc réduit, mais ce n’est de toute façon pas l’ambition de Waller-Bridge, qui voulait réalisé un one-shot. Si vous avez aimé Killing Eve, et encore plus Fleabag, il n’y a pas de doute que vous adhérerez à Crashing. Tous les ingrédients qui faisaient la force de Fleabag sont déjà là, certes moins travaillés, mais qui méritent d’être abordés.

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    HUMOUR BRIDGIEN ET OBSÉDÉS SEXUELS

     La première chose qui me vient à l’esprit en pensant à Crashing est ses personnages. Dès les 5 premières minutes, on nous a présenté les 7 personnages principaux, leurs motivations, leur caractère, leurs relations et leur humour. Et ça, c’est de plus en plus rare dans les séries, assez rare pour être souligné. Le pilot de Crashing est donc entièrement maîtrisé et fait pleinement son travail. Parlons rapidement des protagonistes de cette série choral. Phoebe Waller Bridge, dont l’interprétation est déjà très prometteuse, est Lulu, l’élément perturbateur qui emménage tout juste, à la manière de Rachel dans Friends. Elle chamboule le quotidien de son ami d’enfance Anthony, fiancé à Kate une perfectionniste possessive et psychorigide. On apprend aussi à connaître Melody, une peintre française obsédée par Colin, une cinquantenaire à peine divorcé. Enfin, on ne peut pas oublier Sam, un obsédé sexuel, qui n’assume pas ses sentiments pour son ami Fred. Voilà, j’ai fait un petit tour des personnalités hilarantes, hystériques qui peuplent ce vieil hôpital. On a déjà l’impression de les connaître et de faire partie de leur cercle d’amis. Ce sont comme des vieux amis de fac qu’on a oublié et qui n’ont pas changé, que l’on est content de retrouver. Ils sont tarés et la comédie en est d’autant plus surprenante. C’est un humour british, un mélange d’humour noir et de blagues +18, ainsi qu’un cocktail Bridgien avec des dialogues dynamiques, un rythme soutenu et des quiproquos poussés à l’extrême. C’est gênant, trash, cru, assez proche de l’humour de Fleabag finalement.

    DRAMEDIE ENTRE AMIS

     Mais ce que je retiendrai surtout de Crashing, c’est son atmosphère. Je disais un peu plus haut que Phoebe Waller Bridge était une génie et je le pense réellement. C’est une scénariste de incroyable. Elle parvient à associer le comique et le drame comme personne et créée de vraie « dramédie » (même si ce terme est de plus en plus discutable). Crashing explore le thème de l’amitié à 20 ans. Ces londoniens travaillent mais se moquent de tout. Ils n’ont pas de responsabilités. Ils veulent rire, s’amuser et baiser. Il est donc intéressant de découvrir cette œuvre, car le travail de PWB évolue avec elle : elle nous parle de cette jeunesse décomplexée dans Crashing, des frustrations de la trentaine dans Fleabag et de la peur de la rengaine de la quarantaine avec son point de vue si particulier.

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     Ces personnages sont brisés et dans un cercle d’autodestruction. Incapable d’exprimer leurs sentiments, leur amitié pourrait se briser à tout moment (en plus ils couchent tous ensemble, enfin les uns avec les autres… si ça ne créer pas des tensions ça). Ils préfèrent se faire du mal les uns aux autres, plutôt qu’affronter la vérité. Je n’ai que très rarement vu ce thème exploré en comédie, et encore moins de façon aussi touchante.

     Crashing parle donc d’amour, de sexe et de la vie à 20 ans, mais avec la vision de Phoebe Waller Bridge. Elle brille par son humour british, ses personnages familiers et son atmosphère mélancolique. Elle était très prometteuse et il est intéressant de la voir pour comprendre le travail de sa créatrice. J’espère que je vous ai donné envie de la regarder (6x20min, ça ne se refuse pas…) et j’attends vos retours avec impatience.

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