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   - LAST ONE - #04 THE GOOD PLACE ou l'adieu d'une chipie au paradis

(Critique du final de la série avec spoiler)

     Comme d’habitude, il est très difficile pour moi d’aborder mes séries préférées, celles que j’aime d’amour, celles avec lesquelles j’ai grandi, celles qui ont changé ma vie. C’est le cas de The Good Place, que j’ai commencé le jour de sa première diffusion, et qui vient de se terminer il y a 2 semaines. C’est le temps qu’il m’a fallu pour prendre du recul sur ce series final et la série en général. D’habitude, j’écris une critique juste après le visionnage du dernier épisode, pour garder le ‘mood’ de la série et les sentiments éprouvés dans mon écriture. Dans le cas de The Good Place, cela m’a été impossible, tant l’émotion m’a submergé. A l’instant où j’écris ces lignes, je ne sais toujours pas comment je vais m’y prendre pour mettre des mots sur ce que je ressens, ou tout simplement pour vous pondre un article clair et fluide (spoiler alert : ça ne sera pas le cas). Bien sûr, à partir d’ici nous entrons dans la partie spoilers, donc un conseil avant que vous ne partiez voir des autruches imiter des enfants (dites moi que je ne suis pas le seul à regarder ça), foncez voir cette pépite, votre vie n’en sera que plus belle.

    "UNE SAISON 4 EN DEMI-TEINTE ?"

   Dans la dernière saison de The Good Place, Eleanor et la Team Cockroad se retrouvent à la tête du faux paradis pour une ultime expérience : prouver à la juge que l’homme peut s’améliorer, si on le pousse dans la bonne direction. Un nouveau reboot qui n’a pas réussi à convaincre une partie des fans, trouvant cette reprise ennuyeuse et sans intérêt. Honnêtement, c’était également mon cas, mais j’étais persuadé que ce début de saison était nécessaire au dénouement final. Je ne m’étais pas trompé…

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   The Good Place est une série exceptionnelle. Premièrement, grâce à sa diffusion hebdomadaire, qui nous a permis de voir ces personnages évoluer et nous poser des centaines de questions pendant 4 ans. De plus, ces moments un peu plus mous, ces petits bas, ne sont pas inutiles. La série a été pensée comme un ensemble, une histoire complète passant par plusieurs étapes clés. Toutes les blagues, toutes les réflexions et les longueurs de ces premiers épisodes ne sont pas vaines : elles permettent de développer le voyage psychologique des personnages et d’apporter une conclusion logique et nécessaire à l’ensemble. Tout est réfléchi, tout a un sens. Ce sont ces petits bas qui permettent d’atteindre des sommets. The Good Place n’est pas parfaite, mais cela ne l’empêche pas d’être exceptionnelle.

    "SAD BUT KIND AND GENTLE AND SWEET"

   La série s’achève donc après 53 chapitres, sur la volonté de son créateur Michael Schur (c’est déjà un miracle que la série soit arrivée à 4 saisons, encore plus qu’elle s’arrête au bon moment). Tout au long de ce final, on ressent l’amour qu’éprouvent les acteurs, les scénaristes et le créateur à son égard (en 1080p, vous pouvez voir que les acteurs ont les yeux rouges, voir une petite larme dans chacune de ces ultimes scènes). Michael Schur nous avait promis une fin douce-amère, il a tenu parole. Ted Danson (Michael) la décrit comme « Sad but kind and gentle and sweet » (triste mais douce, légère et bienveillante). Les scénaristes commencent par nous donner une conclusion parfaite de leur univers et de leur mythologie (qu’ils ont continué de développer, même dans le final, et ça c’est fort). Puis nous faisons un tour des guests, presque tous présents pour dire au revoir à leur personnage et nous offrir leurs dernières blagues, toujours plus mordantes les unes que les autres. Et puis, la juge fait référence à The Leftovers et écoute des podcasts sur la mémoire des palourdes (quelle merveilleuse personne, elle écoute peut-être aussi Monsieur Series and Friends, qui sait…). La série n’hésite pas une seconde à faire du bon fan-service en étalant ses références à la pop-culture et ses private-jokes pour notre plus grand plaisir (crevettes, margaritas et cactus sont au programme). Mais c’est surtout grâce à la conclusion de ses personnages que la série fait le plus d’étincelles.

    "UNE GIRAFE, UN JAGUAR ET DES CAFARDS"

   Je tiens à commencer ce petit panorama de la Team Cockroach par Jason, notre Ding Dong préféré. Toujours aussi hilarant, il est devenu l’un des plus intelligents de la bande (à sa manière, je vous l’accorde, alors disons plutôt, le plus sage… littéralement : le fan des Jaguars est devenu moine). Il a sa propre façon de voir le monde, c’est le premier à décider de franchir la porte, le premier à montrer le chemin à ses amis.

    A la différence de Tahani, il ne cherche pas à tout faire dans l’au-delà, juste le plus important : avoir été heureux avec la not-a-robot, not-a-girl qu’il aime et faire la meilleure partie de foot sur Xbox possible (c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à pleurer, soit 5min45…). Dès les premières minutes du final, la série nous donne une conclusion magnifique pour un personnage qui est passé d’une personne immature à raisonnable (et la notion de raison est très importante dans la série), mais qui est aussi parvenu à toujours rester lui-même.

Tahani, comme Jason, reste fidèle à elle-même avec son fameux name-dropping et décide d’aider les autres pour leur bien et non pas pour avoir leur attention. J’adore le personnage (un peu sous-exploité sur la fin, j’ai besoin d’un spin-off Tahani/Janet), et encore plus l’actrice Jameela Jamil, très engagée. Sa relation avec Ted Danson est très belle, elle le remercie souvent de lui avoir tout appris : c’est son premier rôle en tant que comédienne (oui, cette femme est talentueuse). Ce lien se retrouve donc dans la série, une autre preuve que The Good Place est très bien écrite.

      "UN VRAI PETIT GARCON, MAIS TOUJOURS PAS DE ROBOT"

   Michael, le démon le plus humain de la bande, réalise son rêve, en finissant sa vie en tant qu’homme. Ici encore, la conclusion est magnifique : même les plus grands êtres ne savent pas ce qu’il y a après la mort, et c’est cette partie de mystère qui fait que la vie mérite d’être vécue. Janet, la mascotte de la série, mon personnage préféré, reste en retrait durant ce final, mais elle accompagne chacun de nos héros à travers la porte. Janet est le personnage qui me procure le plus d’émotions, et c’est en entendant les tremolos dans la voix, non pas du personnage, mais de l’actrice, que j’ai réalisé qu’on leur disait vraiment au revoir. Janet est l’un des personnages les plus drôles et les mieux écrits de la télévision actuelle, et je trouve scandaleux que DArcy Carden n’est pas eu d’Emmy pour sa performance.

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        "LA VAGUE QUI NOUS EMPORTERA TOUS"

    Pour terminer ce panorama, Chidi et Eleanor nous ont encore fait pleurer à chaudes larmes. La série sait que c’est dans les petits moments que l’on raconte les plus belles histoires. Chidi parvient à prendre une décision : il veut franchir la porte. Eleanor, ne pouvant se résigner à perdre sa seule raison de vivre, fait tout pour l’en empêcher. Mais dans une ultime leçon philosophique, cette dernière comprend qu’elle n’a d’autre choix que de le laisser partir. « Je pourrais te montrer les quatre coins du monde, mais jamais je ne trouverai la raison pour te faire rester ». L’intrigue se termine sur la fameuse métaphore de la vague, qui a détruit tous les fans de la série. Tous ces personnages sont restés fidèles à eux-mêmes, mais ils sont également parvenus à se dépasser et à devenir meilleurs. Chaque personnage a sa conclusion, logique, parfaite, surprenante.

"LES SÉRIES NE SONT PAS ÉTERNELLES..."

On attaque la dernière partie de cet article déjà très long (merci, vous êtes de belles personnes si vous êtes restez jusque-là) : la fin de The Good Place, c’est quoi en fait ?

The Good Place raconte la vie de personnages dans l’au-delà, une vie si proche de la nôtre. A sa manière, elle nous donne une fin douce-amère, touchante, émotionnelle mais nécessaire. Comme Jason, elle a pris son temps, mais lorsqu’elle devait partir, elle l’a fait. Comme le conclut Michael, « La vie n’est pas éternelle, et c’est ce qui fait qu’elle mérite d’être vécue ».

   La série pourrait continuer encore 10 saisons, je prendrais toujours du plaisir à la regarder et à l’étudier. Elle pourrait durer une éternité, mais ce n’est pas nécessaire. The Good Place était notre petite bulle d’air, nos 20 minutes de plaisir hebdomadaire. Elle nous a fait grandir, nous a appris toutes ses leçons. The Good Place, c’est cette petite étincelle spéciale qui nous accompagne, c’est cette vague qui est apparue dans nos vies, qui est partie, mais dont la magie demeurera en nous. On en voudrait toujours plus, mais comme la vie, on ne peut pendre que ce que l’on nous donne, et nous devons faire avec. Elle n’a jamais été faite pour durer, et à contre-cœur, nous devons lui dire au revoir. Ce lâcher-prise, c’est l’une des plus belles conclusions qu’il m’a été donné de voir. Alors merci The Good Place. I hate to see you walk throught the final door of existence, but I love to watch you leave.

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