- TELL ME A SERIES - #9 "BIG LITTLE LIES"
« Got a secret, can you keep it ? » Ah non, mauvaise série…Aujourd’hui, on aborde la saison 2 controversée de Big Little Lies. Si vous êtes ici, c’est que vous avez déjà vu la suite des aventures des Monterey Five : exceptionnellement cet article contiendra des spoilers. Vous êtes prévenus, j’attaque.
Comme pour la saison 1, la force de la série réside avant tout dans ses personnages et leurs interprètes. Les scénaristes ont fait le choix de traiter chaque femme individuellement, ce qui permet d’approfondir le caractère des protagonistes et d’aborder leur passé. Le choix de parler des conséquences du meurtre me paraît logique, et pour une série à « saison imprévue », je trouve qu’elle se débrouille plutôt bien. Si Madeline et Renata me font toujours beaucoup rire, les intrigues qui m’ont le plus touché sont celles de Celeste et de Bonnie.
Ce sont sûrement elles qui ont le plus de mal à surmonter les événements de la saison 1. Bonnie gagne en profondeur. Les flashbacks de son passé nous permettent de comprendre que derrière son caractère calme et zen, se cache une enfance dure et marquée par la violence. Rongée par la culpabilité, elle se met à l’égard du groupe (en gros, elle va littéralement courir sur l’autoroute : à ne pas reproduire chez vous). Le spectateur se demande constamment si elle va craquer, ce qui permet de maintenir la tension. Le cas de Celeste est encore plus complexe. Elle lutte contre la dépression, suite au décès de son mari, mais aussi contre la menace que représente sa belle-mère. C’est certainement l’intrigue dans laquelle je me suis le plus investi. Nicole Kidman est impressionnante dans le rôle de cette femme brisée qui donne tout ce qui lui reste pour se battre pour ses enfants. Quand je dis que la série gagne en profondeur, je parle par exemple du fait que je me suis questionné pour savoir si Celeste devait obtenir la garde des jumeaux. La série fait réfléchir sur la notion de morale, ses personnages n’étant pas tout blanc/tout noir. Les scènes au tribunal sont durs et poignantes.
Mais Big Little Lies prend vraiment de l’ampleur lorsque ces 5 femmes se réunissent pour garder à tout prix ce secret, pour le meilleur et pour le pire. Là encore, on se demande si leur amitié est vraie et tiendra le coup, ou si l’une d’entre elles craquera et fera passer ses intérêts avant ceux du groupe. BLL brille aussi en abordant les différentes formes de violences, que ce soit à la violence physique, conjugales ou psychologique à travers le personnage de Mary Louise. Meryl Streep rayonne dans chacune de ses scènes (le hurlement du 2x01 est mon nouveau meme préféré) et c’est sûrement la grande raison de regarder la saison 2.
J’aurais aimé qu’ils l’exploitent un peu plus. Est-elle la raison pour laquelle Perry est celui qu’il est ? Était-elle violente avec lui ? Quelles étaient leurs réelles relations ? La série nous montre bien que le comportement des parents à un impact direct sur celui des enfants, de plus, «on ne naît pas méchant, on le devient » (oui j’essaye toujours de caler au moins une référence à OUAT par critique). Le final révèle certains de ces soupçons, mais beaucoup de questions resteront sans réponse. Cependant, la série souffre de problèmes de rythme. La réalisation, très réussie, a été confiée à Andrea Arnold, mais la saison a été complètement remontée en post-prod, et ça se ressent. Je suis resté plusieurs fois sur ma faim : on attend l’instant de rupture qui va faire bouger les choses, un dénouement inattendu, mais ce dernier ne vient que très rarement (ex : la fameuse scène de la glace entre Mary Louise et Madeline, dévoilée sur Twitter). Les scènes plâtes s’enchaînent et la tension à du mal à monter. Les intrigues traînent en longueur, alors que la série ne dispose que de 7 épisodes. J’ai presque eu l’impression d’être devant un film de 7 heures en 3 actes, en ce rythme n’est pas fait pour une série. En gros, marre de ces gens qui veulent faire « un long film ». Mais le rythme de diffusion (1 épisode/semaine) force BLL a nous donné des petites choses à chaque épisode, ce qui lui évite de produire ce que j’appelle « un cheewing-gum Netflix » : une série qui tire en longueur et dont l'intrigue fait des bulles au ¾ de la saison.
En résumé, cette saison est différente (réalisation, tension) mais toujours agréable à suivre grâce à l’écriture de ses personnages et au talent de leurs interprètes. La présence de Meryl Streep au casting apporte un vent de fraîcheur à l’intrigue et évite les redites, même si la série manque cruellement de rythme. Le dénouement est logique (même si j'aurais préféré un truc un peu plus explosif) et laisse une ouverture pour une possible suite dans quelques années. J’attends vos avis, en attendant moi je vais préparer une soirée Mamma Mia.