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     - TELL ME A SERIES - #7 "FIERTES"

 

     Ma liste « Séries à regarder plus tard » contient beaucoup de séries LGBT. Aujourd’hui, je vous parle entre deux smoothies de l’une d’entre elles, Fiertés, une mini-série en 3 épisodes de Philippe Faucon (Fatima), diffusée sur Arte en mai 2018. On suit des instants de vie de Victor, à 3 dates clés de la lutte pour les droits LGBT : le premier épisode en 1981 (dépénalisation de l’homosexualité sous Mitterrand), le second en 1999 (adoption du PACS) et le dernier en 2013 (adoption du mariage pour tous).

     L’idée est bonne. Montrer les difficultés de ce combat et les obstacles qu’affrontent quotidiennement les LGBTQ+ doivent être plus représentés à la télévision française. Ce combat n’est certainement pas terminé, et les séries télévisées peuvent être un bon moyen de faire avancer les choses. En montrant le quotidien de la famille de Victor, leurs valeurs et leurs ambitions, la série nous montre aussi la vie politique socialiste au moment de l’élection de Mitterrand.

 

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     En cela, le premier épisode est un bon équilibre entre la vie intime d’un homme et la vie politique de la société française. En montrant 3 périodes, l’idée est d’analyser différents contextes, et les changements de la société française. Quelle est la place des homosexuels dans la société française en 1981 ? Dans quelle mesure cette dernière a-t-elle changé entre 1999 et aujourd’hui ? Le problème, c’est que la série ne montre pas le combat dans son ensemble. Personnellement, j’ai presque eu le sentiment que ces événements marquants n’étaient qu’un prétexte pour dérouler un ensemble des péripéties. Par exemple, le refuge ou la marche des fiertés LGBT ne sont que mentionnés et leurs impacts ne sont pas montrés. On s’attarde plutôt sur la vie d’un seul personnage, Victor, et en second lieu de Charles, Serge et Diego (dont je ne dévoilerai pas les liens pour ne pas vous spoiler).

 

     Le second problème vient de là. Par son contexte, la série se veut politique, mais un seul axe est abordé. Une série chorale aurait peut-être été plus intéressante. La représentation de la communauté LGBT ne se fait que par le regard de Victor. C’est un peu paradoxal car, en voulant parler d’une communauté si riche et plurielle, la série manque de diversité. Ah si ! Un couple lesbien s’embrasse en arrière plan dans le troisième épisode. Cela a beau être un parti pris scénaristique, c’est très décevant alors que le titre de la série est Fiertés. Cela montre bien qu’une belle représentation des personnages féminins lesbiens n’est toujours pas assurée.

 

     Enfin, le dernier problème auquel se confronte la série est la multiplication des thématiques. En moins de 3 heures, nous avons droit à l’éveil de la sexualité, au coming-out, à l’homophobie, aux agressions physiques, à l’épidémie du sida, à l’adoption, au PACS, au mariage, à la religion, au racisme, au harcèlement scolaire et j’en passe. Ces thèmes peuvent paraître clichés, mais ils sont dans l’ensemble assez bien traités. Mais là encore, si l’intention est noble, le tout sonne creux. L’ensemble m’a donné un effet de fourre-tout dans un seul personnage. Je ne dis pas qu’un homme homosexuel ne peut pas être confronté à ces éléments au cours de sa vie. Mais ici, pour vous donner une image, c’est comme si les sujets glissaient sur le personnage les uns après les autres. Les éclipses sont nombreuses, on a parfois du mal à comprendre l’évolution du comportement du jeune homme. Cette multiplication des thématiques donne aussi l’impression que la série veut être un produit éducateur pour hétéro et c’est bien dommage, car l’émotion passe en second plan. Je trouve le dernier épisode plus réussi. J’ai apprécié le personnage de Diego, bien plus intéressant, peut-être parce que son histoire a moins été vue à la télé.

Pour résumer mon avis, je n’ai pas passé un mauvais moment devant Fiertés. La série a de nobles intentions, évoque des thématiques importantes qui méritent d’être vues. Elle expose aussi un contexte historique et politique français intéressant. Cependant, elle a du mal à trouver un équilibre entre histoire politique d’une société et histoire intime d’un homme. En voulant tout dire et tout montrer, le message en est impacté, tout comme l’impact émotionnel sur le spectateur. Je ne vous déconseille pas Fiertés pour autant, mais à choisir, la web série Les Engagés développe une histoire plus complexe et novatrice.

 

Si vous avez aimé Fiertés : Pose, Les Engagés, People Like us, Skam, You me her.

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