- TELL ME A SERIES - #8 "CALLS"
Avertissement : Cette série peut entraîner des effets secondaires tels que des étourdissements, sueurs froides, insomnies, autres troubles du sommeil et un questionnement sur la théorie du complot trop important pour un seul cerveau. Déconseillez chez l’enfant et les personnes avec un petit cœur sensible.
Je n’étais clairement pas au courant de ce qui allait m’arriver quand j’ai commencé Calls. Vous connaissez, vous, une série d’horreur frenchy ? J’étais intrigué par ce concept novateur : Calls n’est pas à proprement parler une série audio, mais tout passe par le son. Chaque épisode est un enregistrement audio d’un personnage confronté à un événement étrange et difficile, à une époque, dans un lieu et une situation différente. Les seules images sont des sous titres pour aider notre compréhension, et des halos et flashs lumineux étranges.
Je ne vous raconterai pas l’histoire, car ce plongeon dans l’inconnu fait partie de l’expérience. Sachez juste que l’atmosphère est pesante, les histoires très sombres. On parle beaucoup de mort et de phénomènes surnaturels, d’amour et de famille aussi. Voilà pour ce qui est du pitch, je vous laisse la surprise pour la suite.
Calls reprend donc les codes de l’anthologie (un épisode = une histoire, des personnages différents). Cependant, je ne peux pas parler de la série sans dévoiler un aspect central (attention spoiler très vague) : au fur et à mesure des épisodes, on peut se rentre compte que les épisodes sont, d’une manière ou d’une autre, liés entre eux. Là encore, il est difficile d’en parler sans spoiler. En tout cas, sachez que cela rend la série encore plus intéressante car elle peut se permettre de développer une mythologie complexe, où chaque petit détail peut être une clé permettant de comprendre un peu plus ces mystérieux événements. Le spectateur est donc en plus au cœur du récit car il doit s’investir et réfléchir pour comprendre les liens entre les personnages et les événements. J’ai adoré cette particularité car mes réflexions m’ont permis d’élaborer mes propres théories et de découvrir celles des autres fans. Certains liens sont évidents mais la série ne répond pas toujours (voir presque jamais) à nos questions. Un peu comme Lost, c’est à la fois difficile de ne rien savoir et intéressant car chacun peut aller de sa petite manie. Chaque théorie est une hypothèse et chacun peut interpréter ces flous comme il veut. L’absence d’image renforce notre imagination et notre surprise : tout est suggéré, tout peut arriver sans que l’on s’y attende ; les épisodes se terminent souvent sur un cliffhanger (qui n’aura pas de réponse). Calls est donc très frustrante (dans le bon sens du terme hein, pas comme la fin de Lost).
Le travail sonore est impressionnant. Tout est maîtrisé, que ce soit les voix, les bruitages, les fonds sonores, le rythme… Tout est là pour nous plonger dans l’histoire et nous déconnecter de la réalité pendant 10 minutes. Mon petit rituel ? Un épisode avant de dormir, dans mon lit, les yeux fermés dans l’obscurité avec mon casque sur les oreilles pour une expérience pleinement immersive (et l’interrupteur de ma lampe ananas pas trop loin de moi parce ce que des fois j’ai vraiment l’impression qu’un psychopathe se cache sous mon lit). La musique, souvent mélancolique, est magnifique (Billie Eilish, Tom Rosenthal…). Pour finir le casting vocal est impeccable, rien à redire. De supers comédiens français prestigieux se prêtent au jeu (attention : moment name dropping en vue) : François Civil, Kyan Khojandi, Camille Cottin, Jérémie Renier, Marina Fois, Gaspard Ulliel, Baptiste Lecaplain, Jerome Niel, Charlotte Le Bon, Mathieu Kassovitz, Ramzy, Nahuel Pérez, Laure Calamy, Lambert Wilson, Karin Viard, Simon Astier et j’en passe…
Pour finir, je trouve la saison 2 un peu en dessous de la première. Elle n’est pas moins bonne, mais l’histoire est moins dense, plus émotionnelle qu’effrayante. Ce n’est pas un défaut en soit, mais je le trouve moins marquante que la saison 1.
En tout cas, préparez vos écoutilles pour cette expérience sensorielle folle. Cette série regorge d’inventivité et d’imagination, c’est à ne pas manquer. Bonne écoute, moi je dois appeler le serrurier : j’ai besoin de plus de verrous sur ma porte d’entrée.
