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   - TELL ME A SERIES #11 "THE DARK CRYSTAL : LE TEMPS DE LA RESISTANCE"

     Je n’avais pas vu Dark Crystal. Je n’en avais même jamais entendu parler avant la diffusion du trailer de la série, mais amoureux de l’animation, je devais jeter un œil. J’ai donc vu le film la veille de la sortie d’« Age of Resistance » et j’ai été surpris par les prouesses techniques du film, réalisé avec des marionnettes magnifiques et des animatroniques. Les décors étaient somptueux et les héros attachants. Pourtant, j’ai trouvé au film un gros défaut : son rythme. Les marionnettes ne peuvent pas courir, ni sauter… L’action est donc très statique, et j’ai eu le sentiment que l’on me montrait beaucoup de blabla pour pas grand-chose. Par exemple, le combat final tire en longueur pendant plusieurs minutes et nous livre un dénouement très prévisible. Le deuxième obstacle auquel fait face le film est son format. Il nous expose une mythologie complexe et un univers qui semble vaste et infini, mais en 90 minutes et un budget réduit, nous ne pouvons apercevoir qu’une partie de ce monde, ce qui m’a laissé sur ma faim.

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     Un film plein de promesses donc, qui méritait d’être plus exploité. Et c’est là qu’on en vient à « Dark Crystal : Age of Resistance » (pas besoin de traduire, je pense que vous avez saisi l’idée), série préquelle au film de 1982. Tout d’abord, de quoi parle Dark Crystal ? L’histoire se passe dans un monde de fantasy, sur la planète Thra. Cette planète est protégée par un Cristal magique qui donne des pouvoirs aux terres et aux créatures. Le gardien du Cristal le confie aux Skeses qui le corrompent pour obtenir la vie éternelle. Trois Gelfings, des sortes de petits elfes tous mignons, Rian, Brea et Deet, découvrent ce secret et entament une quête pour susciter un mouvement de résistance et sauver le monde de Threa. Ayant vu le film avant la série, je connais la fin de l’histoire. Alors comment une préquelle peut-elle créer un suspens ? Louis Leterrier, réalisateur de L’incroyable Hulk et du Choc des Titans (oui, il y avait raison de douter) a donné une réponse très maligne à Captain Popcorn : « Grâce à des personnages auxquels on s’attache, on doit avoir peur pour eux et avoir envie de les suivre». Et ce pari est réussi ! J’ai adoré retrouver certains personnages du film comme Longneck, Mère Augrah, la vieille magicienne qui n’a pas la langue dans sa poche, ou les terrifiants Skeses ; ainsi que suivre de nouveaux personnages, comme Rian (un courageux soldat du château des Skeses, à qui il n’arrive que des merdes), Brea (une princesse qui a soif de connaissance) ou Deet (une adorable gardienne d’animaux).

 Chacun apporte quelque chose de nouveau au récit, chaque storyline est intéressante. Les personnages sont donc très bien écrits et font des choix logiques, mais qu’on ne voit pas toujours venir. Les héros sont moins manichéens que dans le film. Ils essayent de faire le bien, mais ce choix n’est pas toujours inné. D’ailleurs, juste un petit mot sur le casting vocal impressionnant (attention – name dropping): Taron Egerton, Nathalie Emmanuel, Lena Headey, Mark Strong, Helena Bonham Carter, Sigourney Weaver, Andy Samberg, Jason Isaacs, Simon Pegg, Mark Hamill (et la VF est très correcte)… L’histoire est prenante et même si elle tire parfois en longueur, le rythme est beaucoup plus maîtrisé que dans le film.

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     La réalisation est splendide. On voit que Louis Leterrier est passionné par cet univers. Il apporte du sang neuf et moderne à ce monde de fantasy, mais veille à toujours respecter l’esprit du film original. Grâce à son format 10x50-60 minutes, la série nous plonge réellement dans ce monde féerique et nous livre des paysages et des scènes de vol impressionnantes. L’univers de Dark Crystal est passionnant. Le récit est enrichi par sa mythologie (on nous explique les traditions, légendes, dialectes de chaque espèce et chaque clans). Enfin, la série pose de bonnes questions. Qu’est-ce que faire le bien ? Pourquoi faut-il revoir certaines de nos croyances et traditions ? L’intrigue autour du personnage de Seladon est certes classique mais très bien amenée (bien plus que dans la saison 8 de Game of Thrones. Je n’en dis pas plus, mais n’en pense pas moins). Dark Crystal explore aussi les problématiques autour de la royauté, du contrôle du pouvoir ou de l’héritage culturel, mais aussi de la vérité, du poids de la connaissance, de l’importance de l’égalité entre les êtres et de l’environnement. Comme l’a remarqué le Binge Doctor dans sa critique de la série, Dark Crystal peut aussi se comprendre comme une métaphore de la condition humaine. Nous sommes représentés par les Gelfings, à la recherche de liberté et de vérité, néanmoins incapable de remettre en question nos actions et nos croyances ; mais aussi par les méchants, les Skeses, qui veulent tromper la mort et dominer leur monde, quoi qu’il en coûte.

     Dans la lignée des Contes d’Arcadia, Dark Crystal : Le temps de la résistance répond à ses promesses. Elle développe une histoire de fantasy, certes classique mais très bien écrite et maîtrisée. Son univers est riche et complexe, ses personnages attachants. Elle conviendra aux enfants, mais ne les prendra jamais pour des abrutis (n’est ce pas Aladdin Live). Attention cependant : à regarder avec un adulte (responsable ou non, à vous de voir) mais perso, je me suis caché les yeux les plusieurs fois. Vous y trouverez des paresseux dignes d’une contrefaçon de maître Yoda, une petite vieille qui me fait penser à Jésus et des boules de poils vénères. Une belle surprise donc, en espérant que la suite ne mettra pas littéralement 40 ans avant de pointer le bon de son nez. Des bisous et à la semaine prochaine, je vous parlerai sûrement d’une de mes séries préférées...

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