- NUMBER ONE - #10"L'EMPLOYE", ou un fonctionnaire pas tres commode
Pour vous, en avant première mondiale, la première critique de la première série audio française made by Spotify, c’est L’employé, et ça fait froid dans le dos.
Ce week-end, je me suis rendu au festival du podcast de Paris, l’occasion pour moi de parler avec des créateurs, des producteurs, des journalistes ainsi que de découvrir de nouveaux contenus. Sur les conseils de Lou Howard, je me rends à 14h dans la salle rencontre pour assister à l’avant-première d’une fiction audio : L’employé. Je ne m’étais pas informé de ce à quoi j’allais assister (mais en gros, on a vu une porte avec de la lumière, on est entré). On nous donne des casques et comme au cinéma, chaque spectateur présent se retrouve, en même temps que les autres, plongé dans un autre univers. Certains observent les réactions de leur voisin, d’autre fixent le plafond, d’autres ferment les yeux pour visualiser la scène. Chacun à notre manière, nous sommes plongés dans une expérience auditive nouvelle. A la fin des 30 minutes d’écoute, je me tourne vers mon ami, nous sommes tous deux la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés : le « mind blown » le plus synchro possible.
L’employé est donc la première fiction audio de Spotify, et sera composée de 8 épisodes d’environ 15 minutes. Chaque épisode suit l’employé (Rafael Personnaz, L’affaire SK1), un agent d’un état totalitaire pas très commode, interrogeant un nouveau personnage. Les épisodes se terminent sur la rencontre entre l’employé et ce que j’imagine être une secrétaire (Lou Howard, Arel3, Once Upon A Time in Hollwood) qui envoie l’employé pour une nouvelle mission. J’ai pu écouter le premier et le troisième épisode (ne me demandez pas pourquoi dans cet ordre, mais ça ne pose pas de problème). Nous assistons dans le premier épisode à l’interrogatoire d’une jeune femme, témoin d’une manifestation contre une mesure inconnue du gouvernement (c’est drôle quand on sait que l’épisode fut tournée 3 semaines avant la crise des gilets jaunes). Le second (enfin, le troisième du coup), suit l’interrogatoire d’un ancien prêtre aux pratiques peu communes (Thibault de Montalembert, Dix pour cent). Je n’en dirai pas plus, je vous laisse la surprise.
L’employé est une série impressionnante. En quelques minutes, elle installe une ambiance glaçante, presque malsaine. Nous sommes plongés dans cette histoire troublante et il s’avère difficile d’en sortir. Cette sensation restait en moi, même plusieurs minutes après l’écoute. Pour vous donner une idée, l’atmosphère, certes moins SF mais toute aussi étrange et claustrophobe, me fait beaucoup penser à Calls de Canal+. Et ce n’est pas qu’une impression : les compositeurs de la musique et les mixeurs son sont les mêmes sur les deux séries (Norman Cooper et Thibault Delage), ça vous donne une idée de la qualité…
Parlons aussi de la réalisation. Chaque épisode est réalisé en one-shot, ce qui procure une sensation de vrai, de réalité. C’est un exercice encore plus difficile, mais les comédiens le surmontent avec brio. La tension monte sans cesse. On a l’impression d’être enfermé dans cette petite pièce avec les personnages, mais ils nous aient impossible d’en sortir. Les personnages sont d’ailleurs brillamment interprétés. Les voix des comédiens sont puissantes (Thibault de Montalembert et Rafael Personnaz m’ont fait froid dans le dos) et quel plaisir de retrouver Lou Howard dans un rôle très différent de ce qu’elle a pu faire dans le passé. Elle m’avait teasé ce projet en interview sans trop m’en dire (promis, ça arrive bientôt), alors je ne vous cache pas mon étonnement. Enfin, la série est créée et réalisée par Victor Bonnefoy (anciennement Inthepanda). Je suis ravi qu’il puisse produire ce genre de projets ambitieux et soigné. Son parcours est incroyable et je suis sûr qu’il nous réserve encore plein de belles choses pour la suite.
En résumé, c’est un sans-faute pour cette première fiction de Spotify. Prometteuse, travaillée, politique, glaçante et interprétée par des comédiens talentueux, L’employé est une œuvre à ne pas manquer. Accessible à tous sur Spotify dès le 21 octobre 2019.